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vendredi 30 novembre 2012

ouvrir de nouveaux horizons. J'espère que je serai suffisamment claire à défaut d'être concise

ça a fait huit ans que je crée. J'avais deux choix : poursuivre avec acharnement dans l'espoir de voir mes conditions s'améliorer, ou poursuivre en dilettante en développant une activité annexe.
J'ai analysé objectivement en fonction de ce que je suis profondément.
J'ai choisi la deuxième option, car il faut avouer que si j'ai un encrier au fond de moi, je n'ai jamais écrit pour la gloire et la fortune, je crois que vouloir être connu, désiré, avoir pignon sur rue est un impératif pour être artiste de métier. Il faut savoir séduire, moi je charme parfois tout au plus naturellement, mais commencer à user de je ne sais quoi d'ailleurs, pour pouvoir refourguer des bouquins, je ne sais pas faire et je n'ai pas envie d'apprendre. J'imagine qu'avec d'avantage de talent, mon travail aurait tout fait tout seul, mais je ne ferai jamais guère mieux que Rencontres, je le sais. Et puis, j'avoue que si j'ai fini par me faire violence pour me lettre en lumière (je n'étais pas même timide, tout à fait farouche, si vous saviez l'état dans lequel j'étais lorsque j'ai fait mon premier blog pour y partager mes 21 premiers mois de création !! Bigre !! L'aurais-je fais d'ailleurs si l'on ne m'avait fait miroité l'éclat d'un miroir à l'alouette que j'étais ? Je ne sais, je ne saurais jamais, c'est fait, c'est tout et puis c'est un peu comme ça qu'on s'est rencontré n'est-ce pas ?)
Oui, je suis plutôt discrète comme fille. Je ne renie pas tout ce que ma plume m'a apporté, j'en suis même encore étonnée. Je ne savais pas pourquoi, dès le début, l'auto-édition était importante. Maintenant je le sais. Ce que je cherchais ? Des gens qui apprécient mon univers tel qu'il était sorti de mon coeur, de ma tête et de mes tripes, je l'ai trouvé et je crois (j'en suis même sûre, en fait) que j'en avais besoin. Si un éditeur avait publié un de mes ouvrages, en le modifiant, forcément, je ne prétends pas faire des bouquins parfaits (sinon mon travail aurait parlé de lui même (cqfd)), je n'aurais jamais acquis cette estime et cette confiance en moi que ma plume m'a données. Ma plume m'a apporté ça par le truchement de mes lecteurs (lecteurs qui ne se souciaient ni de l'estampillage, ni des articles de presse, ni de je ne sais quoi, ils étaient juste attiré par un petit bout de mon univers, par quelque chose que j'avais en moi, donc. Je me souviens encore des yeux du public posés sur mes petits bouts d'univers exposés, ou en entendant mes histoires. J'ai gravé ça sur la pierre angulaire de mon âme, histoire que ça reste là jusqu'à la fin de mes jours. Dans le sable de ma tête, parfois j'écris des choses qui finissent par s'effacer avec le temps. Des choses importantes sur le coup mais qui doivent disparaitre chemin faisant.

Oui, rencontrer des lecteurs ayant eu une réelle affection pour mon univers, et pour moi en somme. Voilà donc ce que ma plume m'a permis.
J'avais besoin de ça pour chasser l'intime conviction d'être bonne à rien qui était profondément ancrée en moi. L'image même que j'ai de moi, en me regardant dans le miroir intime et intérieur a changé. C'est pour cette métamorphose que j'écrivais et c'est pour ça que j'ai eu raison de le faire selon mon coeur et avec ma bonne vieille tête de mule.

La réalité matérielle par contre (à laquelle il faut toujours revenir, sinon elle sait se rappeler à vous, ce sont des charges, des impôts et autres menus agréments), ma créativité évidente, aussi (je ne me vois pas cesser d'inventer, de rêver, d'imaginer un jour), et le fait que je me sente plus proche de l'artisan que de l'artiste ont pesés dans la balance pour achever de me décider. Vendre un savoir faire, je m'en sens capable, vendre... mais ça vend quoi au juste un artiste pour exister (matériellement, on ne vit pas que d'idées, d'amour pour son métier et d'eau fraiche, ben non) ?
Je ne sais pas vraiment me mettre en valeur, ça me gêne et vous connaissez l'adage, là où il y a de la gêne, y'a pas de plaisir...
Vendre quelque chose fait de mes mains pour qui j'ai toujours eu bonne estime et respect, me parait plus naturel.

J'ai longtemps cherché, céramique ? Verre ? Fer ? Je ne savais, c'est en tricotant et en laisser filer la laine entre mes doigts qu'une évidence a germé dans mon cœur, le meilleur terreau qui soit pour moi : et pourquoi pas la laine ? J'aimais déjà beaucoup les moutons, alors pour aimer la laine, il n'y avait qu'un pas, que j'ai franchi sans m'en apercevoir cette semaine. Je n'ai même pas réfléchi... Une seule fois mon intuition m'a trompée dans ma vie (parfois, je n'ai pas voulu écouter ce qu'elle disait (je suis mule) mais lorsque je l'écoutais, j'ai toujours constaté qu'elle était dans le vrai sauf cette fois là et depuis cette fois là, j'ai du mal à me dire que je pouvais encore lui faire confiance, mais il fallait que ça change et c'est ce que j'ai décidé de faire pour clore cette année, me réconcilier avec mon intuition et écouter sa voix (n'allez pas croire que je vire Jeanne d'Arc, hein ? ).

Alors mon projet artistique de 2013, Zoé, est presque bouclé, y'aura pas d'impression, des lectures publiques peut-être, une présentation à une classe de collégiens, en mai, ça c'est une certitude !!

Je n'ai été artiste que pour le bonheur et si j'aurais aimé avoir le talent que mon travail parle de lui même pour pouvoir justement avoir une vie qui coule facilement, je sens bien que pour garder ce bonheur acquis, il faut que je compte avec ma nature : je suis artisan avant que d'être artiste. L'artisan peut s'effacer derrière son travail. L'artiste lui, à moins d'être un génie, se doit aussi de briller par sa personne (j'en suis de plus en plus convaincue) et briller je ne sais pas faire, il faut que je me force et me faire violence, vraiment je n'en ai plus envie, j'aspire à la douceur. Et c'est super doux la laine !!

10 commentaires:

  1. "Ouvrir de nouveaux horizons" mais en conservant l'ancien j'espère... Je crois que tu ne te rends pas compte de tes talents d'écrivain, de conteuse, de papetière... Zoé servira plus d'une fois, je te le souhaite... Et tous tes personnages créés de si belle manière ne peuvent pas finir leurs jours dans la valise... (Bon, ça c'est mon avis, tu choisis comme tu le sens et c'est bien). Tu pourras peut-être concilier les deux? La laine et le papier?
    Belle journée Sandrinette tricoteuse!

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    1. Je préfère être heureuse ma chère Tilleul et bosser à des projets qui restent secret, mettre toute mon NRJ à ça, pour qu'il ne soit quasi pas diffusier qu'ils soient gratuits ou payants, me laisse l'impression de perdre mon temps, j'ai observé les artistes à l'eouvres en train de vendre leur travail et ils font tout un tas de choses qui sont étrangères à ma nature même. Tu vois le beau côté de la chose, mais la violence qu eje m'inflige pour poursuivre vaille que vaille en me rongeant le foie parce que mon talent n'est pas suffisant, ça tu ne le vois pas, faut dire que je ne l'étale pas. Je resterai créative, c'est dans ma nature, mais vendre des objets fait par mes soins me parait plus évident au moins pour rester à flot. Combien d'années aurais tu fait un métier à perte ? Car je perds de l'argent, la réalité c'est ça.

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  2. Cette subtile distinction entre artisan et artiste m'a toujours un peu énervé, particulièrement chez quelques "artistes" d'aujourd'hui.
    Il y a pour moi chez l'artisan une notion infiniment respectable de maîtrise d'un domaine, d'une matière particuliers. Maîtrise que je distingue mal chez bien de prétendus "artistes" contemporains ;-)

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    1. Je vois qu'on est agacé par des trucs similaires, quoique la liste de tout ce qui m'agace dans tout le système administratif serait pas piqué des hannetons. J'ai été vraiment artiste dans un sens différent de l'artisan quand contrainte par une sorte de puissance interne je ne pouvais faire autrement que créer, mais ce n'était pas confortable et j'aurais mille fois préféré ne pas avoir ça en moi, durant longtemps, jusqu'à ce que j'ai le courage de disséquer et d'analyser pour ne garder que ce qui cautériserait mes plaies. Tu vois le vocabulaire, j'étais artiste lorsque j'étais malade, l'idée même me dérange, le cliché de la névrose et tout le bordel, voilà qui m'agace aussi. Etre artiste c'était mon secours et être jugé pour ça et devoir bvivre de ça, oui tou ça est bien trop laid en réalité. Apprivoiser une matière, la faire mienne, oui, voilà un parcours qui me parait enrichissant et plus prompt à parler et à toucher les personnes que je veux toucher. Un échange plus équitable... Enfin je crois, qui vivra verra...

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  3. C'est peut-être d'un mécène dont vous avez manqué. C'est que l'engeance ne court pas les rues.

    Sinon, Jeanne d'Arc a commencé par les moutons, parait-il. Elle aurait peut-être dû s'en contenter.

    Bonnes mailles !

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    1. J'ai manqué de reconnaissance et de rencontres à l'heure ou j'avais l'énergie des rêves et des possibles mon cher Papistache. Pour ce qui est de Jeanne d'arc, je ne crois pas en dieu, et je n'y croirais pas plus s'il me causait par l'entremise de voix, je ne l'ai pas invité dans ma tête non mais ! Le malotru. Je n'ai pas l'âme à porter armure (fusse-t-elle de Don Quichotte). Savez-vous mon cher que la laine ne fait pas que de se mailler ? M'enfin pour ça faut que j'attende la venue de la Noël, bigre, fébrile à l'idée de cette fête, voilà qui est incroyable !!

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  4. Je sais qu'elle se tisse (Mamoune fut une grande tisseuse en sa jeunesse), qu'elle se feutre, qu'elle se noue, qu'elle se carde... Il fut un temps où mon épouse se fournissait en laine dans une boutique à Pigalle (ben oui).

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    1. Oh Mamoune était tisseuse !! Il n'y a pas de sots endroits, que de sottes gens. Quand j'étais étudiantes les prostitués occupaient le parvis de l'église, c'était pas Pigalle, mais j'appréciais à ma façon le paradoxe étonnant. Ce qui me rappelle que la complainte des filles de joie est la seule chanson ou presque que je chante juste, mais on s'éloigne un peu du sujet !! Oui, la laine est toute pleine de possibles et ça me palpite drôlement, je ne me souviens pas avoir été jamais aussi enthousiaste (même pour le papier) je crois que lorsque j'ai découvert le papier, je n'étais pas tout à fait mûre sentimentalement et que ça fait une différence :-)

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  5. Qu'importe la matière, si on a la passion...
    Mais je conçois bien que même un passionné a besoin d'être encouragé, et aussi ... de vivre d'autre chose que de l'air du temps ;-))

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    1. Oui, les deux sont nécessaires. Travailler à perte même quand on aime ce qu'on fait ça use l'amour de son métier même. Mon petit homme me disait que j'avais essayé assez longtemps pour pouvoir me ré aiguiller. Nous avons tous deux la même impression donc. ;-)

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